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LIMINAIRE
Lorsquen 1990,
jai entrepris cette recherche sur les sources officielles, lIslam
occupait la scène politique dans différentes parties du
monde tout en alimentant la curiosité scientifique.
Si les recherches sur le monde arabo-islamique, au cours des vingt dernières
années nous renvoient constamment à lIslam, elles
le font avec une charge émotionnelle mettant en scène des
foules engourdies brutalement sorties de leur léthargie. Soudain,
lIslam semble faire lobjet dune découverte où
se disputent mépris, inquiétude, fascination.
La restitution dévénements marquants frappe par lancrage
de ces derniers dans une résurgence de lIslam. Suffisamment
remarquable dans sa forme et son contenu, loin dêtre dénuée
dintérêt, la curiosité déployée
par les spécialistes nous installe dans un retour à lIslam
(Bernard Lewis, Paris, Gallimard, 1995). A force darguments
puisés dans lhistoire et la sociologie, le savoir-faire des
spécialistes nous place devant la perception suivante : les
sociétés, encadrées par des Etats aguerris, ont depuis
longtemps franchi un cap de développement tel que lIslam,
administré de main de maître, ne pouvait se manifester autrement
que derrière les murs calfeutrés des mosquées. Brusquement,
lIslam est hissé vers une autre dimension, celle de la prise
en charge des transformations politiques et sociales. En bref, tout se
passait comme si rien ne laissait prévoir que lIslam, un
jour, deviendrait une alternative politique. Voilà que la révolution
iranienne fait leffet dun séisme. Dès lors,
les analyses nous renvoient au déterminisme, souvent sans nuance,
du politique par le religieux, en scindant le monde entre des parties
où se produisent libertés, démocratie, technique
et puissance et celles qui ne peuvent avancer dautre solution que
le retour aux ténèbres. Anticipant les publications ultérieures
et partant dune critique adressée à B. Badie (Les
deux Etats, Paris, 1986), F. Khosrokhovar met laccent sur la
nature du lien et son articulation entre « sociétés
dominées et celles qui sont hégémoniques »,
quil résume fort bien : «
autant
la réduction à lidentité était dans
le passé un opérateur de lhégémonie,
autant le constat de laltérité radicale de lIslam
demeure aujourdhui un vecteur de déni de la modernité
aux sociétés islamiques
» (Du néo-orientalisme
de Badie : Enjeux et méthodes , Peuples méditerranéens
n° 50, janv.-mars 1990, p. 121161).
En 1979, la révolution iranienne triomphe en pleine ascension du
néo-libéralisme qui travaille le monde en profondeur depuis
le début des années soixante-dix. Lun des moments
significatifs de cette montée du néo-libéralisme
reste le coup dEtat mettant un terme au régime Allende au
Chili.
Les secousses produites par le néo-libéralisme se traduisent
nettement dans le monde arabe par lInfitah. Le cas de lEgypte
est un symbole dimportance mais il nest pas isolé.
Lannée 1979 avec la mort de Boumediène à Alger,
annonce, en même temps que la fin des illusions, un processus de
reclassement et de redéploiement avec le maître mot de réforme.
En fait, lIslam apprécié dans le contexte de la montée
triomphante du néo-libéralisme ne saurait faire lobjet
dune lecture linéaire. Certains signes et évènements
conduisent à regarder le retour de lIslam comme une réaction
au néo-libéralisme. Dautres, au contraire, font de
la montée de lIslam lexpression dune alliance
avec le néo-libéralisme. Comment lire en effet autrement
le triomphe de la révolution iranienne dun côté
et la rébellion en Afghanistan, contre le régime pro-soviétique
de Babrak Karmal, annonçant le déclin et la fin du bloc
communiste ?
Le phénomène de la révolution iranienne et les développements
ultérieurs ont constamment, depuis, orienté les études
sur lIslam en liant ce dernier à la violence. Les brigades
armées se réclamant de lIslam apparaissent un peu
partout dans le monde islamique alors que se développent des formes
de contestation culturelle ou électorale. Le Maghreb néchappera
pas à cette vague de contestations et de violence. On sait depuis,
ou on croit savoir ce quil en est du cas algérien. Les tentatives
danalyse restent dans lensemble insignifiantes malgré
le foisonnement de publications sur la question.
En Algérie, les années 1990 ont été
marquées par trois grands évènements en étroite
relation :
-En premier lieu, la montée électorale du mouvement islamiste
par suite dune prétendue ouverture démocratique, propulsée
den haut et orchestrée par la police politique.
-En deuxième lieu, ce qui corrobore les premières données,
le refus du jeu électoral et la dilution des organisations islamistes
dans la violence.
-En troisième lieu, les massacres de populations.
Cette situation se traduit par un exode, vers la France, dalgériens
des couches moyennes issus du monde des affaires, de lenseignement,
du journalisme, de ladministration, du barreau, de lexpression
artistique (musique, théâtre, cinéma) et littéraire.
La « diaspora » ainsi constituée, sappuyant
sur la double nationalité (française et algérienne)
se structure en groupes de pression au profit du suffrage censitaire en
Algérie, déniant aux islamistes laccès aux
urnes, en même temps quelle place des élus dans lHexagone.
Elle fournit également larmature intellectuelle à
des émissions de radio et de télévision. Elle trouve
place dans la presse écrite, tandis que la littérature ouvre
ses portes à des hybridations insolites.
De là, sarticulent des démarches dont les ressorts,
dabord chargés de sous-entendus, finissent par prendre les
contours dune nostalgie, voire dune réhabilitation
néo-coloniale.
Ainsi en est-il de cette interrogation régulièrement avancée
et à partir de laquelle fusent les projectiles : LAlgérie
et par extension le Maghreb- appartient-elle à lorient,
au monde musulman ? Comme toujours, dans de pareilles constructions,
la réponse est fournie par la question même, en fonction
du positionnement de son auteur. Mais ce type de démarche sur les
appartenances déploie également des prolongements par une
consécration à résonance académique. Tout
en se proposant de cerner les difficultés d « implantation »
du concept de nation dans le monde arabe et plus particulièrement
en Algérie, Marc Ferro ne sembarrasse pas de subtilité
dans une approche où le questionnement fonctionne en démarche
close sur une période explosive : « ...Certes,
face au colonialisme français, bien des Algériens sétaient
voulus arabes, et lIslam les avait aidés à assumer
et à renforcer leur identité. Ainsi, de refuge, leur Islam
était devenu une force, une énergie. Or, les attributs de
cette identité peuvent varier selon les besoins, les urgences...Aujourdhui,
il en est qui se sentent avant tout musulmans et algériens, dautres
algériens et démocrates, dautres encore berbères
et algériens. Il en est qui, aujourdhui en France, napprécient
pas quon les appelle « Arabes », jugeant que
cest une dénomination dorigine coloniale ...»
(Marc Ferro, Le choc de lIslam, XVIIIe XXI e siècle,
Odile Jacob, Paris, 2002, p. 19). Des questions aussi hasardeuses,
en tous les cas problématiques, comme la nation, la modernité
ou la réforme sont arrachées aux multiples interrogations
dont témoignent les sciences sociales, sur le terrain même
de leur naissance et de leur développement, pour être élevées
au rang de modèle achevé, définitif, dont les secrets
sont dispensés, bon an mal an, par lOccident et ses spécialistes
à des intelligences réceptives capables dadaptation.
Ainsi sexprime Marc Ferro : « ... la modernité,
la réforme, la nation, renvoient comme sur un miroir à des
pratiques qui sont aussi les nôtres. Ce qui témoigne de linsertion
de ces sociétés dans notre civilisation, dans notre monde»
(op. cit. p. 6).
En Egypte, lInfitah se traduit par la reconnaissance de lEtat
dIsraël par lEgypte et la signature dun traité
de paix en mars 1979. Le renversement dalliance de lEgypte
au détriment de lURSS se traduit par le resserrement des
liens avec les Etats-Unis et une politique libérale érigée
en modèle pour le monde arabe. Les difficultés économiques
et sociales, déjà criantes sous lère nassérienne
devaient saggraver avec lInfitah. Cela paraissait suffisant
à Gilles Kepel pour proposer une introduction à lislamisme
en le qualifiant de mouvement issu dabord et avant tout de léchec
des régimes de lépoque. Dans Le Prophète
et Pharaon (éd. du Seuil, 1993, notamment dans son avant-propos
« Aux sources des mouvements islamistes », pp. 9
à 21), le rapport installé entre lEtat, les régimes
issus de la décolonisation, et lislamisme est un argument
déterminant. Pour lui, le mouvement islamiste doit dabord
être attribué à léchec des régimes
issus de la libération nationale, de la décolonisation.
Le propos est encore plus explicite dans Intellectuels et militants
de lIslam contemporain (éd. du Seuil, 1990, p. 13) :
« depuis la fin des années soixante-dix, les discours
intellectuels qui occupent le devant de la scène politique dans
le monde arabe nont cessé de remettre en cause la légitimité
même des Etats issus de la décolonisation. Critique radicale
qui se fait à laide de catégories de pensée
empruntées pour lessentiel au langage politique de lIslam,
réinterprété par de jeunes diplômés,
frais émoulus des institutions éducatives de masse créées
au lendemain des indépendances. Leur génération est
la première à être alphabétisée en arabe
à très grande échelle et à avoir accès
directement aux textes sacrés sans la médiation, autrefois
nécessaire, des oulémas ». Léchec
nest pas attribué aux successeurs de Nasser, tout au moins
sont-ils regardés avec plus dindulgence. La relation, les
effets produits par la politique des néo-libéraux, de lInfitah,
la dimension de la décolonisation (réelle ou feinte), le
retour à des rapports de domination des Etats et des sociétés
arabes par les Etats occidentaux, appuyés en ce sens par les organisations
internationales, en particulier lONU aux missions revues en fonction
des intérêts dominants, ne sont pas comptabilisés
dans une appréciation générale sur les causes ou
les significations de lislamisme.
Léchec des régimes issus des mouvements dindépendance
nationale quil faudrait examiner en réalité en profondeur
et insérer dans un ensemble complexe endogène-exogène,
est donné en vis-à-vis avec létat antérieur
tout en se gardant dinsérer le phénomène islamiste
dans un regard sur létat du monde des lendemains des indépendances
et le développement du néo-libéralisme. En limitant
les appréciations aux seuls échecs des régimes issus
des mouvements dindépendance nationale, on introduit progressivement
une reconsidération, une relecture du rapport à la colonisation.
Si la décolonisation est un échec, la colonisation est loin,
au moins, davoir démérité. Ceci ressort dune
manière éclatante dans la production de toute nature sur
lAlgérie livrée au cours de ces dix dernières
années
(voir en ce sens M. Harbi, Benjamin Stora, La guerre dAlgérie
1954-2004. La fin de lamnésie. Robert Laffont, Paris, 2004;
G. Meynier, Histoire intérieure du FLN, Fayard, Paris, 2004).
On est allé jusquà procéder à une unification
de la violence en Algérie, de la guerre dindépendance
à la guerre post-indépendance opposant le pouvoir algérien
et les islamistes. Un auteur remarqué réussira même
à faire consacrer en la vulgarisant, la notion pourtant contestable
de deuxième guerre dAlgérie. Les implications épistémologiques
dun tel amalgame ont pour effet de gommer historiquement les significations
des deux types daffrontement et dinstaller une même
violence dans lidée de continuité. A la violence du
FLN-ALN succède la violence de lislamisme. Cette dernière
est réputée éclairer sur la nature de la première
laquelle, de la sorte, ne saurait plus être regardée comme
une réponse à la violence du colonisateur, de larmée
coloniale. Ce qui, de proche en proche finit par justifier tous les aspects
de la répression coloniale. Des historiens sont même prêts,
en se cooptant mutuellement, à se fondre dans un collège
unique pour tenter une sorte dévaluation. A travers la violence
des uns et des autres prend corps une certitude affichée ici et
là faisant de la société algérienne une société
à la violence inégalable, parce que structurelle, voire
même génétique.
Or, on ne saurait échapper au constat que le développement
de lislamisme suit le développement du néo-libéralisme
et son expansion dans le temps et dans lespace. Le néo-libéralisme
apparaît comme lhéritier, lexpression nouvelle,
sophistiquée, derrière les ramifications de léconomie-
monde, de lexpansion coloniale stoppée pendant les vingt
années ayant suivi, grosso modo, les lendemains de la seconde guerre
mondiale. La vague néo-libérale saccompagne dun
programme de démocratisation planifié aux instruments percutants :
Etat de droit, pluralisme politique, droits de lhomme. On se souvient
comment, en juin 1990, F . Mitterrand en a administré la leçon
au sommet France / Afrique de La Baule. Lexemple mitterrandien sinscrit
dans un ensemble : la rationalisation politico économique
autour du credo libéral est prise en charge par le G7/G8, faisant
du « devoir dingérence » un principe
de portée universelle. Dans la foulée, les membres du Conseil
de sécurité de lONU se façonnent une étendue
de prérogatives à la fois à lintérieur
des nations unies et en dehors. Ils sont juges en premier et dernier ressort
des instruments de rationalisation quils définissent et adaptent
sans garantie de procédure et sans quils ne leur soient opposables.
Cest dans ce contexte que la question de la violence domine les
études sur lIslam.
La mise en perspective des régimes issus du mouvement dindépendance,
du mouvement de décolonisation et leur échec permet dexpliquer
ce dernier par la montée de lislamisme derrière lequel
prennent forme deux dimensions qui illustrent létat postérieur
à la décolonisation : archaïsme et violence.
Ainsi se construit ou se reconstruit une nouvelle distribution/hiérarchisation
dans le monde légitimée par tout ce que colporte sous forme
de repoussoir lislamisme et, au-delà, ce à quoi ce
dernier renvoie nécessairement, lIslam. Un plaidoyer denvergure
est déployé en ce sens par Christian Delacampagne qui, dans
une démarche où il se définit avant tout comme philosophe,
tente de montrer comment lislam, géniteur de lislamisme,
est en guerre contre lOccident (Islam et Occident, les raisons
dun conflit, PUF, Collection Intervention philosophique, Paris,
2003).
La hiérarchisation du monde aujourdhui renvoie à une
distinction entre Etats et sociétés civilisés et
Etats et sociétés sauvages quil faut encadrer de nouveau
selon des techniques propres à tenir compte des expériences
coloniales et de ce qui a constitué leurs limites. LIslam
devient ou re-devient le vecteur idéal de ré-ensauvagement
légitimant la re-civilisation.
A léchelle interne des Etats comme à léchelle
internationale, lIslam, réduit à lacte criminel
à travers des entreprises multiformes, justifie en contrepartie
toutes les opérations de force en vue de lhumanisation, du
sauvetage de la démocratie, de la punition des criminels. En face,
il ne saurait y avoir dexaction, de crime, de violence. Tout est
apprécié dans lenveloppe globale et réparatrice
de létat de nécessité. Les avantages à
tirer dune telle exploitation expliquent comment lIslam est
devenu un des leviers politiques, un animateur de la vie politique des
pays occidentaux ( lexemple français est édifiant :
foulard, droits des femmes, laïcité, école, sécurité,
hygiène et santé publiques, hymne national : la variété
des thèmes de mobilisation médiatico-politique ne saurait
passer inaperçue et mérite au moins interrogation. A quoi
tout cela correspond ? A redessiner, recomposer les espaces ?
A déplacer les lignes de confrontation et daffrontement sur
lécole, le travail, le service public ? A réévaluer
les droits et libertés ? A revoir la notion même dEtat
tel quil a fonctionné jusque là ? Dans La
démocratie post-totalitaire, Jean Pierre Le Goff cerne finement
les questions de lEtat, du service public ou de lentreprise
en faisant le point sur la dictature des marchés et le nouveau
totalitarisme (Paris, La Découverte, 2000).
Les Etats arabo-islamiques sont tantôt considérés
comme des dictatures sanguinaires tantôt comme des boucliers en
mesure de reproduire le modèle occidental de démocratie.
Selon les opportunités.
A léchelle interne des Etats comme à léchelle
internationale, lIslam, réduit à lacte criminel
justifie en contrepartie toutes les opérations de force en vue
dune acclimatation des droits de lhomme, de la démocratie,
ce qui nécessite légitimement la punition des criminels.
La question de la violence domine les études/recherches sur lislam.
Si lhistoriographie de ce fouillis reste à faire, on remarquera
que la question de la violence ne sanalyse nullement comme telle
mais dans létablissement dune hiérarchie dans
laquelle le statut de la violence varie selon sa source, ses origines.
Ainsi, les auteurs, dans leur très grande majorité, délivrent
le mérite de la légitimité à lune contre
lautre. Pourtant, serait-il à ce point inconvenant, pour
les sciences sociales de mesurer, comparativement, la violence du régime
iranien et celle des USA dans leurs multiples interventions avant même
le 11 septembre 2001 et les attentats de Manhattan ? Serait-il possible
de mesurer, comparativement, la violence des djamaât islamiya
en Egypte et la violence du pouvoir dEtat égyptien ?
On ne mesure pas, on tranche. La légitimité va aux pouvoirs
dEtats en place sur la base dune garantie dun ordre.
Lequel ? Le discours de lhomme de science auréolé
dacadémisme rejoint le discours de lhomme politique.
Le discours lénifiant sur la démocratie en terre arabo-islamique
(mais cela peut se produire aussi pour la Colombie ou le Guatemala) installe
le lecteur ou lauditeur dans un schéma idyllique dans lequel
il ne fait aucun doute que la démocratie en terre occidentale est
un processus achevé, un projet pleinement réalisé
dans lequel lharmonie ne serait pas une chimère. Cette consécration
de la démocratie ainsi ficelée se retrouve, pour le cas
de lAlgérie, dans les propos des hommes politiques français
toutes obédiences confondues. Qui na pas remarqué
le ton et le contenu du discours de J. Chirac, en avril 2003, devant les
parlementaires algériens (députés et sénateurs
réunis) et le président de la République algérienne,
rappelant celui de ladministrateur de commune mixte face à
une assemblée dindigènes en voie dapprentissage.
Dans cette Algérie considérée encore il y a une douzaine
dannées comme le porte parole dune politique dindépendance
africaine et arabe, aucun débat, quil soit politique au sens
institutionnel ou médiatique na souligné de quelque
façon que ce soit le passage de larmée nationale populaire
sous le contrôle stratégique de lOTAN avec manuvres
conjointes. A partir du territoire algérien, les forces de lOTAN
peuvent aujourdhui sen prendre à la Libye, au Soudan
ou à nimporte quel Etat arabe ou africain. En 1997, un projet
dagression contre la Libye est préparé à partir
du Sahara algérien. Son abandon répondait à des motifs
conjoncturels liés au changement de politique du président
libyen dans laffaire Lockerbie.
Le face à face des violences et sa hiérarchisation à
lintérieur des Etats sont consacrés par la dimension
internationale. Ainsi se dessine un rapport où prennent place une
violence illégitime, menace dinsécurité (celles
des groupes islamistes) et une violence présentée comme
une réponse à la première et légitimée
par ses missions de sauvegarde, la violence dEtat. Or, la violence
na cessé de modeler les sociétés et les Etats.
Lhistoire des Etats se résume dans cette question bien rendue
par Dominique Reynié (Le
triomphe de lopinion publique. Lespace public français
du XVIe au XXe siècle, Odile Jacob, Paris, 1998) :
comment contenir la puissance de contestation, denvahissement de
la foule, du peuple, des classes sociales ? « En suivant
le déploiement progressif de lopinion publique, le régime
républicain des libertés... se présente comme un
résultat très laborieux, relativement hasardeux, longtemps
incertain, mais toujours résolument commandé par un problème
pratique dont le monde ne pourrait tolérer quil restât
sans solution : celui des conditions permettant le maintien de lautorité
sur dimposantes masses humaines, dautant plus capables de
furieuses colères que le capitalisme attise les grands feux de
la misère et du profit et auxquelles la ville offre ses places,
ses rues, ses rumeurs et ses rassemblements. Lanalyse des conditions
ayant présidé au triomphe de lopinion publique met
en lumière lambiguïté profonde dune entreprise
politique dont nous sommes cependant les héritiers encore très
heureux. Mais ces conditions napparaissent que si nous acceptons
de laisser de côté une certaine légende, pour examiner
ce que firent nos souverains, eux qui regardèrent la foule, comptèrent
le nombre de leurs sujets, en se demandant sous quelle forme lautorité
serait capable den assurer la maîtrise. A travers le triomphe
de lopinion publique, la république apparaît alors
devoir moins à lexigence de libertés quà
la puissance inouïe du marché, et infiniment moins aux grands
théoriciens du contrat social ou de la séparation des pouvoirs
quaux maximes sans auteur, sèches et par nature indiscutables
de la pure raison dEtat » (D. Reynié, p. 14 15).
Dans le jeu subtile par lequel lIslam est appelé à
servir les constructions au sein de lopinion, il apparaît
depuis deux décennies comme irremplaçable. Il succède
à léchelle mondiale aux constructions dont a été
affublé jadis le bolchevisme. Avec cette réserve cependant
que lIslam part avec un déficit richement entretenu par les
études savantes que les sciences sociales lui ont consacré
depuis le XIXème siècle. Lorientalisme et la vision
coloniale ont profondément marqué le savant même le
plus averti à lencontre de lui-même et de son souverain.
Les tares de lorientalisme quand bien même ont elles
été dénoncées, reconnues, se sont tout de
même renouvelées (Edward W. Said, Lorientalisme,
Paris, Seuil, édition augmentée,1997). Les sciences
sociales modernes sont nées dans un monde qui a beaucoup trop de
mal à abdiquer ses positions dominantes. Les structures et les
cursus de formation se plient davantage aux rituels de la reproduction.
Cela laisse peu de place au renouvellement. Les efforts de déconstruction
entrepris par Abdallah Laroui témoignent avec une belle constance
de ce regard hiérarchique et de ses défauts, erreurs ou
calculs. De linusable Idéologie arabe contemporaine
(Paris, F. Maspero, 1982) à Islam et histoire (Paris,
Albin Michel, 1999) en passant par la Crise des intellectuels arabes
(Paris, F. Maspero) ou Islam et modernité (Paris,
La Découverte, 1986), Abdallah Laroui est lun des rares
à privilégier la démarche du retour aux textes, en
débusquant les méthodes et effets faciles produits dans
les études de/sur lIslam, y compris chez les plus érudits
parmi les encyclopédistes. Ses travaux invitent à réfléchir,
dans cette rencontre mise en scène en vis-à-vis (Islam
Occident), à larchéologie des sciences sociales. Est
ce pour cette ambition affichée quil ne trouve pas
place dans lanthologie réunie par Abdou Filali Ansari
(Réformer lIslam ? une introduction aux débats
contemporains, éd. La Découverte, Paris, 2003). Sans
doute A. Laroui paye-t-il lallégeance appuyée que
le savant proclame à son roi : (« Remercions Dieu
le Très Haut que les années qui sont devant nous confirmeront
les promesses que le présent nous laisse entrevoir . Le Maroc,
terre de travail, de concorde, et de science, le Maroc Etat de droit,
de liberté, et de démocratie, rêve de Mohammed IV,
dHassan Ier, de Mohammed V, réalité de Hassan II
»
, in G. Vedel, Edification dun Etat moderne, le Maroc de Hassan
II, Paris, Albin Michel, 1986). Même si on ne saurait passer
sous silence ses apports, la formule dont J.J. Rousseau affuble Grotius
peut être appliquée à A. Laroui : «
il
népargne rien pour dépouiller les peuples de leurs
droits et pour en revêtir les rois avec tout lart possible »
(Du Contrat social, Paris, Editions G. Ratier, Liv. II, chap. II, p. 39).
Le prolongement des approches théoriques au terrain politique et
militant a montré dans la crise algérienne des dix dernières
années comment la sponsorisation intellectuelle de loccident
reste une donnée incontournable. La frange pensante accédant
à la médiatisation occidentale lieu de consécration
par définition accrédite une vision de lhistoire
intérieure et du rapport au monde selon des paramètres tels
quelle ne peut se traduire quen répression généralisée
contre la masse des gueux. Le recours aux trajectoires historiques via
la sociologie ou lanthropologie comptabilise lapport des sciences
sociales en termes de barbarisation. Celle-ci est parfois explicitement
présentée comme laccès à une distanciation
du regard sur soi. Alors quil ne sagit de rien dautre
que de la superposition du regard de lautre adopté tel quel,
sur soi. Entre ceux qui protestent de leur capacité à sinscrire
dans la démocratie, le progrès, la culture séculière
(Nadir Marouf Religion, manichéisme et violence. LOrient
face à lOccident ou la bipolarisation identitaire, El Watan,
1er et 2 juil. 2003) quémandant en retour la pleine reconnaissance
de lOccident avec aide et assistance et ceux qui diagnostiquent
la barbarie sans bornes de lIslam et de lislamisme les voies
deviennent de plus en plus étroites pour tenter de démêler
les objectifs politiques de lobservation distanciée. Il est
indéniable que par le jeu de valorisation sociale et intellectuelle,
sélabore une interprétation attendue et entendue de
lIslam et de la violence à partir du manichéisme que
lon reproche aux fanatiques de lislamisme mais qui est reçue
avec les exclamations dadhésion de lintelligentsia
du Maghreb. A travers les centres de consécration européens
et américains, la jonction se fait entre les prétendus défenseurs
de lordre harmonieux dans le monde. Or, le détournement conceptuel
est de pratique courante. Sessayant à la sociologie politique
dans une tentative comparative entre les fascismes, celui de Guernica
et Bentalha, en prenant soin dévacuer toute interrogation
ou doute sur les auteurs, Waciny Laaradj conclue à leur ressemblance
et assemblage opérant une parfaite identification dun fascisme
à lautre. Attribuant sans lombre dun doute les
massacres de Bentalha et Raïs aux islamistes / intégristes,
il explique la « profondeur » de tels massacres
par le recours au concept de chaîne, sorte de salafisme de
lhorreur : « ... Malheureusement, les crimes
intégristes ne connaissent pas dexception. A sen résoudre
au fait que toutes les actions, menées ou prévues, ne sont
que des maillons dune longue chaîne que leurs auteurs, ou
commanditaires, ne se décideront à rompre quune fois
« lobjectif suprême » atteint. Même
si cela devrait nécessiter de sacrifier, de brûler ou de
crucifier les deux tiers pour préserver le bon, entendre bon pour
lintégrisme, bon pour de la chair à canon. Depuis
la dissidence des Khawarij, que de villages entiers ont été
rasés, de tribus complètement annihilées au nom de
la religion ! Les petits fils du prophète, -les fils dAly
et Fatima- et ses arrières petits fils ont tous été
soit en captivité, soit vendus aux enchères, ou décapités
sur la place publique, leurs têtes dressées sur les portes
de Damas et de Baghdad. Uthman, qui navait pas toujours les mains
propres, et qui comptait pourtant parmi les dix compagnons « élus
doffice » au Paradis, a été déchiqueté,
son corps exhibé, sa barbe arrachée. Sa femme qui tentait
de le défendre, a été éventrée, ses
seins sauvagement entaillés. Ce ne sont pas les exemples abominables
qui manquent, mais cest cette amnésie programmée qui
tente ainsi de tout enrayer. Ibn El Muquaffa a été indescriptiblement
mutilé après avoir été déchiqueté.
Sa chair a été ensuite grillée à la braise
avant quon ne la lui donnât à manger. Aussi diverses
fussent les formes sous lesquelles le crime intégriste sest
toujours présenté, le fond est resté le même... »
(Lintégrisme en Algérie. Paris et interrogations :
El Watan, 27 nov. 1997).
Du VIIème au XXIème siècle la continuité dans
la barbarie tient lieu de méthode. Cest ce que confirme un
autre anthropologue : « Au delà de lAlgérie,
toute lhistoire de lIslam est une histoire de guerres, lécole
se chargera de la faire découvrir. Sommée de (ré)
apprendre son patrimoine culturel pour parfaire son indépendance
politique, la jeunesse algérienne découvrira un patrimoine
arabe où la guerre figure en bonne place. Elle a ses règles
et même son « esthétique ». Hassan
Al Banna, le fondateur (en Egypte) et le guide suprême des « Frères
musulmans », en bon théoricien de la guerre sainte,
na pas manqué de nous léguer sa conception en la matière
dans deux écrits aux titres éminemment évocateurs :
Sinâat al mawt (lindustrie de la mort) et
Fan al mawt (lart de la mort). Parmi les oeuvres littéraires
les plus prestigieuses du patrimoine arabo-islamique se trouvent en bonne
place Ayyam al arab, ces chroniques de guerre »
(Abderrahmane Moussaoui, « De la violence au Djihad »,
Annales, Histoire, Sciences Sociales, nov. déc. 1994, n°
6, pp. 1315 1333. Extrait cité, p. 1322).
Dans Islam et Occident, C. Delacampagne offre un autre exemple
de détournement conceptuel à propos de la révolution
iranienne : « ...Le succès de ce quil
est convenu dappeler, en Iran, la « révolution
islamique »... car quoiquil soit difficile de trouver
dans cette « révolution » quoi que ce soit
de « révolutionnaire » au sens « émancipateur »
que le terme possède en Occident, le simple fait quun clergé
musulman ait pu prendre la tête dun mouvement politique et
le piloter avec succès pour renverser un régime laïque
est forcément interprété, dans le monde musulman,
comme une victoire de la politique « religieuse »
sur la politique « laïque », cest-à-dire
du « modèle » islamiste » sur
le « modèle » occidental » (op.
cit. p. 70). De toute cette démonstration, il ressort que ce
qui est mis en avant dans la société iranienne, cest,
non pas la dictature des Pahlavi, connue pour sa férocité,
mais dabord lislam. Et que le fait de mettre fin au régime
impérial dIran ne mérite pas la dénomination
de révolution car la dimension émancipatrice dont le sens
est déterminé souverainement par le centre dappartenance
de C. Delacampagne est absente. Le refus de voir derrière linstance
religieuse des tentatives politiques de réponse, de prise en charge
des crises, des maux de société est sans appel. On relève
également, en parallèle, le refus de prendre en considération
linstrumentalisation de lIslam dans des stratégies
de domination que ce soit sur le plan interne ou sur le plan international.
Le rôle joué par les USA ou lEurope dans le monde arabo-islamique
peut-il être nié ? Que ce soit au Pakistan, en Afghanistan,
en Irak, en Egypte, dans les Emirats..., lIslam est un moyen comme
un autre mais à lefficacité décuplée,
utilisé pour parvenir à des fins politiques, militaires
ou autres. Doù lattitude contradictoire des USA à
légard des musulmans / islamistes. Lobservation vaut
également à lintérieur des Etats. En Algérie,
lIslam, utilisé par lEtat offre, en retour, un recours
contre lEtat. Qui peut nier que lislamisme algérien
en se greffant sur un mouvement populaire de rejet même anarchique
de lordre en place a contribué à mettre en lumière
la nature réelle du régime algérien, sa férocité,
sa corruption, sa violence ? La traduction électorale du mouvement
islamiste en 1990 1991 sest faite dans la jonction dun
puissant mouvement populaire. Mais lislamisme na pas été
à la hauteur du mouvement politique susceptible daller au-delà
de simples épisodes électoraux. Lancrage dans la dimension
dogmatique a été le piège dans lequel ont sombré
les aspirations populaires. En ce sens, lislamisme algérien
a été un lamentable échec. En mettant le dogme et
la théologie au centre du projet politique, lislamisme fournissait
toutes les opportunités qui, dune façon ou dune
autre, faisant jonction avec des adversaires présumés, les
transforment en alliés dans des assauts contre la société.
LIslam mis en avant, devient un réservoir au fonds inépuisable
dans lequel toutes les forces se servent à satiété
pour atteindre des objectifs qui se déclinent en termes déconomie,
de politique, de culture. LIslam, comme religion versée dans
le politique, est un fonds universel dans lequel puisent à des
fins politiques toutes sortes dorganisations, étatiques ou
autres, à lintérieur et au dehors du monde islamique.
Les mouvements islamistes, en refusant dexpulser linstance
religieuse et ses dogmes, ont montré les limites de mouvements
réellement populaires, légitimes dans leurs aspirations
et qui se désagrègent par une superposition de conflits
innombrables traités à coups de fetwas, sombrant ainsi dans
l intemporalité. Cest le piège dans lequel ils
ont sombré en Algérie, notamment, offrant à un pouvoir
astucieux et sans scrupules des moyens variés pour illustrer comment un
mouvement politique peut être frappé de discrédit.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et la mobilisation des moyens
mis en oeuvre pour faire fonctionner un système inquisitorial planétaire,
lobservateur attentif retrouve le schéma algérien
appliqué à léchelle mondiale. On se demande
si, en définitive, lAlgérie na pas constitué
un véritable laboratoire à partir duquel le GIA correspond
à al Qaïda et aux rôles respectifs de lun et de
lautre. Les questions quentraînait pendant des années
le GIA se retrouvent pour al Qaïda. Au même titre que la disqualification
na cessé de frapper tous ceux qui ont mis en doute les versions
entretenues par les autorités algériennes et relayées
par la presse, la même disqualification frappe ceux qui sinterrogent
sur al Qaïda et ses animateurs. Sur le plan intellectuel, il sagit
de procéder par une autre forme de terrorisme, à unifier
les comportements et les jugements sur un préalable : la condamnation
des islamistes, de lislamisme, des crimes islamistes. Lécrit
ou la parole ne sauraient avoir de valeur que sils passent par la
condamnation des islamistes. Dès lors, le préalable se pose
comme une crédibilisation possible du discours ou du point de vue.
Cette mise en demeure nous installe dans une hiérarchie des violences :
la violence préalablement condamnée va justifier, légitimer
la violence qui est positionnée comme une réponse à
la première. La violence de larmée algérienne
comme celle de larmée américaine, malgré les
interrogations soulevées sur son bien fondé, sur
sa nature (tortures, enlèvements, exécutions sommaires,
massacres à grande échelle) est rangée comme violence
légitime. Dès lors, se pose la question de la violence légitime
elle-même et son régime est mis en cause : la force
armée réputée légitime agit-elle pour mettre
fin à la violence ou bien entretient-elle la violence en produisant
les causes de ses manifestations, en entretenant une vision de lislam,
des islamistes, de lislamisme.
On est en droit de sinterroger sur ce que recouvre à la fois
la référence aux islamistes et au terrorisme islamiste.
La définition en termes de violence des islamistes se fait en circuit
fermé, pour le GIA comme pour al Qaïda.
Il faudrait partir de la violence de larmée réputée
légitime, car la violence légitime pourrait avoir un corollaire :
cest lexigence de conformité aux lois internes et aux
lois internationales. Serkadji à Alger, Guantanamo pour les USA
permettent de mesurer où lon en est dans ce domaine (Le
21 février 1995, une centaine de détenus politiques ont
été exécutés dans la prison de Serkadji à
Alger). Nous sommes en présence dune représentation
du monde, de lEtat, de la nation, où le crime et le droit
deviennent interchangeables.
LEtat israélien, au titre de force de recomposition du proche
et du moyen orient, exprime stratégiquement les desseins américains.
Quelque soit sa férocité, la violence israélienne
nest pas mise en balance avec le crime contre lhumanité.
Le traitement des actes de violence comme des victimes obéit à
une hiérarchie consacrée par la diplomatie, les médias
et lédition. (Voir en ce sens louvrage de P. A.
Taguief, La nouvelle judéophobie, éd. Mille et une nuits,
Paris, 2002). La violence palestinienne est irrémédiablement
renvoyée à la barbarie.
Si on changeait lordre des questions et des préalables, si
on inverse le préalable islamiste en impératif de légalité,
pour les forces armées, alors on pourra peut-être évaluer
limmensité du détournement politique et juridique,
éthique, qui est fait des institutions, et en tout premier celle
qui va exercer sa violence sur toutes les autres : celle qui se présente
comme ayant la charge de la défense et de la sécurité.
Elle devient la première source dinsécurité
territoriale, judiciaire, pénitentiaire. Lorsque la terreur sert
de gestion politique à léchelle interne comme à
léchelle internationale aucune institution nest dans
son rôle. On comprend alors pourquoi le secret prend la même
dimension que la terreur, avançant de concert pour réduire
toute tentative de compréhension du phénomène terroriste.
En termes de traduction politique, dinvestissement ou dinstrumentalisation,
lIslam ne sert pas une seule cause. A partir de lIslam, on
remonte à des expériences différentes voire opposées
dans leur traduction politique. LIslam ne se traduit pas uniquement
par lislamisme, le radicalisme, la violence tels quon a tendance
à les fixer exclusivement contre lOccident ou les pouvoirs
dEtat du monde arabe. Mettre lIslam en avant dans sa dimension
théologique ne suffit pas à expliquer les phénomènes
de violence quil faut bien se garder de lire et dinterpréter
à sens unique. Réduire lIslam à sa seule expression
dogmatique permet de masquer la complexité et la dimension des
rapports politiques et des conflits. On fait de linstance religieuse
linstance déterminante alors quelle nest que
lexpression apparente de conflits dordre politique, économique,
militaire, culturel.
Dans les perspectives peu réjouissantes quoffre la mondialisation
les moyens de mystification ne manquent pas. Les lectures de lislamisme
en fournissent un exemple. Celles-ci, ignorant les problèmes réels
des sociétés et des Etats, reproduisent des mises en scène
dans des régions du monde vouées à naccepter
de solutions quà partir de centres en tous points rayonnants.
Une telle illusion ne fait pas de victimes exclusivement dans les contrées
enmoyennagées. Elle a des effets de retour en déployant
aussi ses méfaits chez
des populations qui se laissent bercer par lidée quelles
vivent lâge idyllique chez elles.
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